L'oeillet mauve
L’œillet mauve
Fleur
qui décores le printemps,
Fleur qui t’effeuilles dans l’automne,
Tu répands les parfums flottants
Où l’âme des jardins frissonne.
Et tu fanes lentement
Dans ta mauve mélancolie,
Triste fragance d’un moment,
Pourpre délavée et pâlie.
Enfant d’un maladif soleil,
Tu réjouis de ta préférence
Les vergers d’ombre et de sommeil
Où l’été verse le silence.
Le désir te cueille le soir,
Pour parer le sein de l’aimée
Qui reflète dans le miroir
Le pli de sa lèvre embaumée.
O charme triste d’un moment !
Penche ta corolle pâlie
Avant de mourir doucement
Dans ta mauve mélancolie.
Renée Vivien